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Je l’écrirai, un jour, cette lettre…

Un jour, enfin dans pas longtemps (pas des mois j’espère hein sinon je vais craquer), je reviendrai ici pour t’écrire une lettre. Et elle sera la première…publique qui plus est, laquelle aura peut-être par la suite la forme d’un truc plus réfléchi solide et abouti, de type ouvrage bio-fictio-théorique, j’y pense sérieusement (car…il est tout doucement temps).

La première, elle sera la première, oui ; car, je n’ai toujours pas eu le courage de le faire : t’écrire, simplement, sans colère, sans questionnement, sans reproche, sans amertume (à défaut de pouvoir tenir debout devant ta dernière demeure et dire quelques mots sans vriller).

Je l’écrirai, un jour, cette lettre, et je te le promets ; tu l’as, ma parole (et par le fil des mots, je les recoudrai nos plaies).

Je l’écrirai, cette lettre, le jour où je présenterai le fruit de ces longues années de travail acharné ; j’ai eu du retard oui (inutile de me gronder), mais plus que quiconque toi-même tu le sais, il y a eu la vie et ses choses, les choses et la vie, les choses de la vie ; et, elles m’auront assurément beaucoup pris et appris.

Ma pensée, véritable, la première, c’est à toi qu’elle ira, car oui, dans un sens, c’est bien de toi qu’il s’agit (et c’est toi que je chercherai dans les fleurs, les livres, les sourires, les mélodies, les silences, le soleil, tous les moments de vie et autres temps morts et ce jusqu’à mon dernier souffle).

Je l’écrirai, un jour, cette lettre, et je te dirai des choses rassérénantes en guise de loyauté envers ta mémoire, et de renaissance à soi-même de et en toutes ces petites choses conférant du sens à mon existence.

Je l’écrirai, un jour, cette lettre, et je te l’enverrai (j’allais dire par la poste à l’ancienne comme on aime ; c’est délirant et magique quand on y pense, si seulement tu savais à quel point tu es sur-vivante parmi nous ici ; non je te l’enverrai et par mon coeur et par mes pensées, très chère).

Je l’écrirai, un jour, cette lettre, mère, et de ta fille tu seras fière…enfin je l’espère.

D’ici là, sache que tu manques à ce petit coeur (oui pas la peine de me le rappeler, je vieillis, et même que j’ai un soupçon de début de la même petite couronne de cheveux blancs sur la même frange qui plus est ; mais le vide que laisse ton absence n’aura pas pris une ride) et que je t’envoie d’ici-bas et du thé à la menthe et des fleurs et du jasmin et..peut-être aussi un ou deux airs de Fayrouz et pourquoi pas une photographie récente de ce à quoi je ressemble avec les années qui dé/filent -tu n’en reviendras pas de constater que même le temps qui passe te fait de plus en plus vivre en moi, on n’y peut rien et même qu’avec l’âge, je commence à y déceler un sens, quand il y a du sens on comprend, et quand on comprend on peut avancer ; je t’envoie surtout des excuses, pour le retard et…tout le reste.

Je les écrirai un jour, oui, ces pages, où j’expliquerai par a + b l’insoutenable et fascinante étrangeté que peut représenter l’exercice si cruel que délectable de faire de la recherche, tout en établissant -et en vivant ardemment, pleinement, violemment, sincèrement, follement- sa recherche sous le mode de la…quête de soi et par extension, ou dans le même ordre d’idée-émotions, de la thérapie.


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Nessrine Naccach (28 février 2025). Je l’écrirai, un jour, cette lettre… Histoires de(s) femmes. Consulté le 28 avril 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13ed1


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