Journal d’une doctorante dégonflée (extrait)
La vie d’un thésard n’est pas un long fleuve tranquille, loin s’en faut. Ses (mes) journées sont immensément “vides” quoique…peuplées de séminaires, de rencontres, de lectures et de déplacements. Des journées silencieuses, oui. La thèse, un moment de solitude ? Dirai-je. MAIS PAS QUE.
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Le Cri, Edvard Munch, 1893.
La Place de la Sorbonne, il fait cagnard. Non il fait super beau (restons dans le positif, c’est bon pour la santé!)
Une lirécrivaine-thésarde mi- folle de littérature, mi SSF (sans spécialité fixe ou presque, sinon elle en a l’impression) et donc anarchique
Son double comparatiste (ou presque)
Le double de son double (super héros, spécialiste d’a-discipline. Vous le connaissez tous, celui qui en réalité n’existe pas 🙂
Une ombre auréolée (la sacro-Sainte sa majesté la littérature comparée). Louanges à elle, en la majesté de toutes mes années de chercheuse vagabonde (qu’en est-il de mes insomnies??)
I
Rien ne se passe. Ni rideau ni public (en fait, oui il y a du monde mais la thésarde s’efforce d’être invisible, ou du moins elle le souhaite)
ZUT, la thésarde est coincée dans le RER B à Saint-Michel.
(Désolée, un thésard, ça galère).
Toujours RIEN. Silence radio. Mais il y a du monde. Il y a de la vie.
II
RIEN
« Un expresso SVP.»
« Tout de suite Mlle. »
L’ombre commande (joyeusement) un grand crème.
Rideau. Non la robe d’une jeune maître de conférences récemment qualifiée et amie de la thésarde
III
(Le double comparatiste) « Nous avons reçu Habibi et avons quoi faire de la soirée. Et dire que Craig Tompson s’est inspiré des Hazar Afsanè pour pondre sa BD»
(La thésarde) « C’est écrit en anglais, petite piqûre de rappel ! »
(L’ombre) « Ton corpus est dédalesque, l’as-tu compris ça ou pas ? »
(Le super héros) « I killed Scheherazad! Pour en finir avec Shéhérazade ! Sahibat ed-dâr Shahrazâde! Haroun and the sea of stories ! Scherazad’s diary ! Chez-Rahazade ! Au total trois cent communications sur le motif narratif de Shéhérazade, soixante articles et cinq ouvrages à paraître. Qu’est-ce que je suis content de mon hyper activité ! »
IV
H. et G., deux autres thésards débarquent à l’improviste. Ils partageront avec la thésarde son café et ses délires de comparatiste. Il n’est de consolation que dans les mots qui ne sont pas des choses et dans les fragments de rêves qui ne sont pas une fiction (dixit je ne sais plus qui)
V
Un corpus-labyrinthe, un plan encore cagneux et une problématique qui tient, à peine, en deux lignes et demi !
- Carnets de thèse © Tiphaine Rivière
VENI, VEDI, VICI
(À suivre, peut-être, qui sait…)