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De la Sérénité (retrouvée…« may be » !)

Ce fragment de textes est un intertexte ;
les appels en notes de bas de page ne sont pas là pour faire beauté,
lectrices et lecteurs peuvent choisir la façon qui leur semble efficace de le lire-ourdir.

Quand j’étais petite, un homme sage –padre, longue vie à sa sagesse- n’a eu de cesse de me répéter, à une époque où il faisait dans ma tête à la fois éden d’insouciance et volcan d’incompréhension de tout, particulièrement de mes raisons d’être, qu’il arrive à la vie de nous offrir des cadeaux (rien que ça). Mieux encore, ces cadeaux se présentent quelquefois à nous sous une forme humaine (ça alors, c’était pour m’achever1 ). Que c’est beau cela, dites donc. Il est clair que ce faisant, il disait à sa façon que j’en suis une, de ces présents, qu’offre la vie (touchée, en pleine âme, suis-je).

Cette petite réflexion nostalgique s’il en est2 me ramène à l’essentiel.

Je faisais donc du rangement tout à l’heure, pour mettre de l’ordre dans mon bureau —l’écriture, et dans un sens les retrouvailles avec le calme-essence de son être profond, ça se ritualise, se prépare, et se pense— et mes idées, quand par un mouvement de distraction (et surtout de sentimentalisme excessif), j’ai effleuré cette boîte-livre à trucs3 où je range un florilège de petites choses qui ont du sens ; les avoir sous les yeux permet d’y puiser un peu de force.
Et les voilà qui me sourient, ces petits marque-pages offerts (suite à une conversation sur la calligraphie je crois) par les meilleurs des collègues que la vie m’ait donnés : longue vie à Val, le plus philosophe des mathématiciens, M., dont la présence et les conseils me « maternaient » sans le savoir ; A., les maths tout en douceur, complice de virées-couscous-et-cuisine-thaï ; M., les Lettres modernes version majestueuse, les biryani, et Omby, la perfection faite Lettres classiques —et non ce n’est nullement dithyrambique, c’est la vérité, ces êtres existent, heureusement, et je les remercie d’exister4!

Bref, ce n’est pas le sujet. Revenons à la petite histoire de l’un des deux marque-pages.

Je me souviens, oui, de ce jeudi matin. J’ouvre ma salle de cours (la best des best, la belle des belles), j’entre5. Il y a un soleil souriant. La salle est illuminée. Sur le tableau, est écrit un mot (lequel m’établit comme une « wonder woman », je suis loin de l’être, mais le cœur est touché. Je reconnais naturellement l’écriture ; l’émotion, puis les larmes ne tardent pas à m’envahir. Mais c’est sain, « pleurer n’est pas une chose mauvaise », c’est humain, je ne le dirai jamais assez). Sur mon bureau maintenant. Est déposé ce marque-page, lequel sera amendé d’un autre6 glissé par-dessous la porte alors que je suis en plein cours7- avec un mot, en deux8 langues « Sérénité- طمأنينة », que voici9:

« Sérénité- طمأنينة » : simples mots sur un marque-page, calligraphie en couleurs (et une tempête d’émotions).

Il est ici absolument vain d’en dire plus.
Sereine, je le suis en repensant à ce moment précis.
Sereine, je le suis en ayant l’espoir et la chance de pouvoir revoir ces âmes nourrissantes10.
Donc oui, voyez-vous, il est des rencontres comme ça dans la vie. Ces mots pèsent de leur sens et poids à mes yeux car, me connaissant, il est rare -vraiment rare- que je sois à ce point admirative à l’égard de mes prochains, et dans un sens à ce point attachée émotionnellement quoique à distance, non par méchanceté, arrogance ou que sais-je encore, loin s’en faut, ce serait mal me connaître ; tout simplement, je pense que la fin se fait dans la solitude  – on finit toujours par crever seule, ce n’est un secret pour personne ça-, et tout le reste n’est ainsi que mirage et peut-être aussi, brouhaha. Mais le fait est qu’il y a eu ces gens-là, je repense beaucoup à elle.eux par ces temps oui, c’est vrai ; cœur sur vous les gens, et merci !

La sérénité donc pour revenir à elle, me renvoie à un bout de texte que je trouve beau. Il s’agit du discours que prononce Heidegger -yep yep- lors de la commémoration du 127e anniversaire du compositeur Conradin Kreutzel. Heidegger qui philosophe le souvenir d’un musicien…, oui je sais, mais le fait est que le discours se clôt par une manne pour les gens comme moi. Quelques pages viennent en effet couronner le propos et s’intitulent sobrement « Pour servir de commentaire à Sérénité11». Là encore, Heidegger qui nous pond une réflexion triplement dialogique sur l’arrivée au silence, et « la grande tranquillité » c’est…puissant, dirai-je.
Je ne rentre pas dans le détail, de peur d’effaroucher les âmes sensibles, mais la pensée de Heidegger, sur la sérénité, se fait sous le mode de la flânerie et circule entre trois personnages : le professeur (que l’on peut aisément établir comme l’essentiel avoué du philosophe -prof de métier), le savant (plutôt son être réel celui-là) et une troisième instance introduisant le cœur de la pensée par les fameux « il se pourrait que… ». Et donc, ce dialogue entre ces trois personnages sur « un chemin de campagne », donne à méditer une idée qui me parle au plus haut point : la sérénité est au fond…pensée (j’aime 😊), la sérénité est dasein (classique, mais peut-être que là j’extrapole un peu ; quoi qu’il en soit mon extrapolation est très assumée après tout, on est libre d’assaisonner les textes que l’on veut, c’est cela seul qui confère du sens à nos êtres-hors-nous-en-lisant-d’autres-nous-autre-que-nous-autres), la sérénité est n’attendre rien (que cela est jouissif, j’ajoute un autre truc et la chakchouka devient piquante : surtout quand l’on sait qu’un « rien suffit à tout, à ce qui est bon et à ce qui ne l’est pas12 ») , et gardons le meilleur pour la fin bien sûr, la sérénité est en substance ce je-ne-sais-quoi d’ouverture dans l’attendre, en ne sachant pas ce que l’on attend13.

Parenthèses heideggériennes fermées —pour les plus curieux, il faut vraiment songer à l-ire ces pages, belles, je les trouve, et puis ça parle aussi musique, donc ça va, ça passe— j’aimerai revenir à mon marque-page14.

Le mot arabe « طمأنينة » est synonyme de « sakīna » du verbe « yaskunu ». Il m’est humainement sentimentalement impossible de ne pas convoquer ici, et une fois n’est pas coutume, les paroles de la chanson de Fayrouz, intitulée « Sakana al-layl15 » que je pourrai traduire par « la nuit s’est tue » ; ici, le mot « sakana » renvoie métaphoriquement au silence et à la sérénité ; l’on s’éloigne par conséquent de son sens premier qui veut dire « habiter » et auquel je reviendrai parce qu’il me parle :

Texte original en arabe littéraire16  Traduction littérale17
سكن الليل وفي ثوب السكون تختبي الأحلام
سكن الليل وفي ثوب السكون تختبي الأحلام
وسعى البدر وللبدر عيون
.عيون، عيون ترصد الأيام
   Quand tombe la nuit, sous l’habit de son silence se glissent les rêves
Quand tombe la nuit, sous l’habit de son silence se glissent les rêves

   La pleine lune est entrepeneuse, et la lune a des yeux
   Des yeux, ces yeux, ceux-là mêmes qui épient le jour18.

QUEL RAPPORT ENTRE LE MARQUE-PAGE, FAYROUZ, SA CHANSON, MA SÉRÉNITÉ, MA NOSTALGIE, MON BLUES, HEIDEGGER ET LA LETTRE D’ÉMILIE À JONAS ? Non, mais vous ne pensez quand même pas que j’en ai le moindre once de début d’une explication logique19 ?! Mais le fait est qu’au terme de ces quelques lignes, je me sens encore plus moi, encore plus…sereine peut-être. L’ennui maintenant, c’est que j’ai oublié d’aller marcher, et ça, c’est pas bien, car voyez-vous marcher m’aide à réfléchir (c’est pas moi qui le dis hein, c’est Nietzsche).

« Yaskunu » donc pour revenir à l’idée de la sérénité : s’apaiser, et se taire (d’après Fayrouz), habiter et vivre aussi, sereinement (sagement, avec une certaine maîtrise de soi, d’après Heidegger) ? Être là, être présent, présent quelque part, chez quelqu’un, en quelqu’un, par et dans quelque chose, et ça (le tout) je l’établis comme l’essence même de l’être-serein, n’en faire qu’un avec soi en toutes circonstances (c’est pas facile, j’en suis pleinement consciente), et avec ce que la vie nous offre20. Sur ce, Peace & Serenity


NOTES (pour le fun)

  1. Ma foi invincible en l’humain allait -va, et ira toujours- de pair avec une peur de ces autres et donc un sens prononcé d’asociabilité —camouflés par des sourires sincères mais toujours gênés et alourdis d’une angoisse déraisonnable en totale dissonance avec le besoin viscéral de garder vif, un point d’ancrage qui se veut véritable dans une réalité…, cette réalité ; enfin d’être dans et avec ce monde, avec autrui (tendre pensée à notre Merleau-Ponty)— parée de cet écoeurement qu’ont le don d’infuser certains humains dotésd’une forcevénéneuseremplisdetroppleindevideexistentielcombinéàunebêtisedontlelevelisreallyhudgeetintersidéral non je dirai juste…négatifs- pas un mot de plus, un mot de plus et ce serait les étoffer d’épaisseur sémantique et dans un sens, leur donner un lieu pour respirer, il n’en est pas question, pas ici, pas l’espace de ces lignes. []
  2. Laquelle ma foi me fait du bien par ces temps où l’on carbure aux médicaments au risque de parfois « planer » —avec toutes les répercussions catastrophiques sur le peu de santé restant, j’ai nommé : les épisodes d’insomnie sauvage et…la décision prise d’un commun accord avec moi-même de me rabattre sur les somnifères, parce que ça en devient intenable + la chute de concentration accomplie par l’oubli (malgré les rappels et l’établissement compulsif de toutes sortes de listes) de faire ce que l’on doit faire, de dire et d’oublier ce que l’on dit et le pire -vraiment!- le deuil des choses parfaites, et la capitulation presque complète devant tout ce que l’on peut vivre, à l’échelle de son petit coeur plein de bonnes pensées (les fleurs, hein) sous le mode de micro-tragédies quotidiennes allant des lapsus et peccadilles à tous les autres manquements, lesquels paralysent et parasitent à coup sûr nos existences et envies de…bien faire— mais pas le choix faut y aller. []
  3. Bon, j’avoue, je les accumule ces boîtes à trucs, je plaide là aussi compulsive, mais c’est inoffensif…hormis pour mes sous. []
  4. Ils et elles ne l’ignorent pas hein mais si seulement, ils mettaient le pied dans ma f***ing galère actuelle ils chialeront leurs mères** et surtout l’on mourra de rire en choeur). De mémoire (mais encore faut-il lui refaire confiance, cette mémoire), je n’ai jamais (jamais) appuyé dans une prise de parole avec ces êtres chers, l’espace d’une longue année de travail intense, difficile mais immensément nourrissante et décidément inégalable, la valeur monstre que j’accorde à la « sérénité » comme concept et vertu (certes les mots « serein » et « sereinement » -et par extension sarcastique-tic-de-langage-irréfléchie « sérénade » aussi hihi- reviennent beaucoup dans mon langage + mon obsession pour sa majesté la Sérénissime : ses rues, ses musées, ses gondoles, ses fleurs, ses couleurs, ses eaux-canaux, sa libreria acqua alta, ses graffitis, les émanations suaves de ses papeteries et ses bussolai, ses autres îles, ses pizzas, ses musiciens de la place San Marco, les bains-de-foule-angoisse-peur-panique-la-respiration-éteinte-et-exaltée- thérapeutiques, et j’arrête le supplice ici, c’est pénible de convoquer toutes ces couleurs et émotions sans vriller…). []
  5. Oui, parce que des fois, je n’entre pas -je mets du temps à fixer l’intérieur vide et les fenêtres, le vide et les fenêtres, les fenêtres et le vide, du vide les fenêtres, des fenêtres le vide, les fenêtres l’air et la lumière, ouf-, après avoir ouvert la porte, pourquoi ? Allez chercher pourquoi.. faut pas rire hein. []
  6. Ce deuxième marque-page disait la « paix- سلام ». Je n’imaginais pas un seul instant, il est vrai, que ces gens pensaient que de ma présence se dégageait une quelconque énergie rassérénante. Cela dit, pacifiste, je le suis jusqu’aux tréfonds de l’utérus. Et puis, avec un peu de recul je réalise -et c’est là où ma foi, je me dis qu’il me faut n’arrêter jamais d’écouter sereinement les choses de l’univers, l’univers et ses choses- qu’il m’a fallu plusieurs mois et la fin d’une année, pour y voir un petit clin d’œil de l’univers ; et donc, un de ses petits messages pour le coup pas du tout codés. []
  7. Même pas peur😊 ! Le respect est mort, vive le respect. Mais quelle délicate attention quand j’y repense, jamais des êtres n’ont aussi bien réussi à faire fondre ma carapace en béton armé (et l’expression n’en est pas moins faible), jamais. Et…ils et elles ne se répéteront jamais, je le dis objectivement – et non sans amertume. Mais l’univers les a envoyés pour déverrouiller certaines choses. []
  8. C’est la base, as simple as basic. []
  9. L’attention portée à mes couleurs préférées se passe de tout commentaire, cela va sans dire et dans un sens, ces gens-là méritent amplement les hectares de fleurs qui voltigent pour elle.eux dans ce coeur. []
  10. Grateful, am I to the moon (« we are neighbours with the moon » didn’t she sing, her Highness Musical Fayrouz ?)Grateful, am I eternally and far beyond eternity (the word « eternity » is to be taken here literally); but right now, « hello from the other side » as the singer once said (which means from the f***ing hell). []
  11. Martin Heidegger, Sérénité, traduit de l’allemand Gelassenheit par André Préau, Günther Neske, Pfultingen, 1959, p. 131-182. []
  12. Yasmina Khadra, Ce que le jour doit à la nuit, Julliard, Paris, 2008, p. 435. Dans sa lettre à son Younes devenu Jonas, Émilie écrit : « Cher Younes, je t’ai attendu le lendemain de notre rencontre à Marseille. Au même endroit. Je t’ai attendu le jour d’après, et les jours qui ont suivi. Tu n’es pas revenu. Le mektoub, comme on dit chez nous. Un rien suffit à tout, à ce qui est bon et à ce qui ne l’est pas. Il faut savoir accepter. Avec le temps, on s’assagit […]. Il est des silences qu’il ne faut pas déranger. Pareils à l’eau dormante, ils apaisent notre âme. Pardonne-moi comme je t’ai pardonné […] ».
    La page d’avant, le narrateur dit -sans rapport aucun avec le propos que je tiens ici mais c’est plus fort que moi, ces phrases me sont vitales, et je ne vois aucune raison de bouder mon plaisir, je les livre « ce n’est pas seulement un être une mère, même unique, ou bien une époque ; une mère, c’est une présence que ni l’érosion du temps ni les défaillances de la mémoire ne peuvent altérer […] je ferme les yeux, pour mettre fin à quelque chose, arrêter une histoire mille fois convoquée […] et moi dans tout ça ? Je ne suis qu’un regard qui court, court, court à travers les blancs de l’absence et la nudité des silences…Que faire de ma nuit ? À qui me confier ? En réalité, je ne veux rien faire de ma nuit ni me confier…Il est une vérité qui nous venge de toutes les autres : il y a une fin en toute chose, et aucun malheur n’est éternel ». []
  13. It’s so funny ! []
  14. Nidaba, sainte divinité de l’écriture pourrais-tu un jour m’armer de tes pouvoirs que je puisse vaincre ma pensée en arborescence et autres digressions, l’espace de deux secondes et que je puisse aussi ne serait-ce qu’une fois écrire quelque chose de lisible ; je me fatigue moi-même. []
  15. Il s’agit d’un poème du libanais exilé Gibrān H̱alīl Gibrān ; chanson mise en musique par le compositeur égyptien Muḥammad abd al-Wahhāb, et tirée de son album : Is’hār, 1996. Pour découvrir la pépite et savourer la balade sonore : https://www.youtube.com/watch?v=5X6tkr9tFko []
  16. Divinement beau ! []
  17. Approximative donc -et injuste à l’égard de Fayrouz mais passons, le sens est presque là… []
  18. Le jour où je réussis à traduire bellement, à rendre Fayrouz en français de façon qui me plaît, je serai une femme comblée – le jouroùjemettraiaumondeunenfant aussi,diraL’êtrechernonsansseumologie;may bequi saitpersonnenesait+smiley qui fait mine de sourire et d’acquiesser+smiley hyper sage+pleinement conscient du temps qui passe. []
  19. Ce serait mal me connaître…BIG LOL🤣. []
  20. Je le dis avec d’autant plus de sérénité, qu’il m’est arrivé récemment – à moi, moi bordel, l’éternelle petite-fragile-angoissée de décider, sagement, de prendre ce que certains jours difficiles me donnent comme des mini cadeaux -sa philosophie à père quoi mais version sauvage et angoissée parce que mienne. Pour le dire autrement, c’était le jour de mon anniversaire, l’autre jour, et rien, mais alors là absolument rien n’allait dans cette journée -quelle surprise-, rien n’a eu l’air d’avoir du sens. Que des choses et paroles pas jolies, et donc, rêveuse -et parfois totalement inconsciente comme je suis- j’ai décidé de tout prendre comme un cadeau…d’anniversaire qui plus est🤭 (sauf une claque, une claque je la rends, c’est la base hein). Et donc, j’étais dans ma journée, dans les choses de mon quotidien et en même temps ailleurs -pas nouveau comme état et sensation quand l’on vit avec un cerveau comme le mien, mais avec ceci de particulier : une sensation de légèreté rarement sentie, et étonnamment vécue sous le mode de la sagesse imprégnée -on ne va pas se mentir- de quelques moments d’envie enragée de tout casser. Résultat : certes, ma journée s’est terminée dans la douceur qu’offre un chez soi protecteur et réparateur, mais j’ai découvert qu’en se transformant, l’espace d’un court laps de temps (les « plusieurs minutes du soldat »-here, as a gift- pour convoquer en la modifiant la philo à Thomas Shelby, yep c’est lui que je cite, parce qu’en plus d’être un personnage de fiction divin, je le trouve philosophe sur les bords + l’une des choses qui le rend admirable à mes yeux ; outre son charisme et sa façon d’être, c’est son code moral -on peut en penser ce qu’on veut- mais le fait est qu’il en a, et même qu’il y tient, rare. Certes, l’on ne s’intéresse pas tous.tes aux séries pour les mêmes raisons et l’on n’y arrive pas porté par les mêmes questions mais plusieurs choses dans Peaky Blinders m’ intriguent : oui l’époque, l’histoire, le côté rétro, la mort de Grace, le charisme de Tommy + le rapport que Tommy a avec la mémoire de sa mère, qu’il honore…+ la séquence de la mort de John + Arthur qui n’arrive pas à se ramasser pour avancer et lui jeter un dernier regard d’adieu à la morgue ; parce que c’est…dur ; Tommy qui marche la tête haute, crie sur tout le monde et traîne Arthur en disant “vas-y mon frère, vas-y, on a fait une promesse”-en parlant de celle qu’ils ont faite pendant la guerre, yep ils ne sont pas morts au front, mais dans un sens ils y ont laissé leurs âmes- et là hop “au beau milieu du morne hiver” et John part sereinement + et là, je parle de Tommy, le père, le soir de Noël où il s’apprête à rassembler sa famille -dispersée par les épreuves de la vie- pour affronter, ensemble, la vendetta déclenchée par Luca Changretta ; bref, il tient son fils Charly d’une main, ils sont sur le point de quitter la demeure pour rejoindre le reste de la troupe ; il a pris quelques petites choses je crois, rien qui rappelle Grace -j’étais pas bien en voyant ça- et en passant devant son bureau, son fils lui dit “maman”, j’avais juré que s’il ne s’arrête pas, j’abandonne la série et…Tommy s’arrête devant le portrait de Grace, et Tommy le prend, et Grace part donc avec eux. Inutile de faire attention à ce que je dis mais l’une des raisons pour lesquelles je respecte ce personnage de fiction -oui moi je suis de la team qui croit en leur existence en dehors du papier pour ça faut lire Pierre Bayard et Sophie Rabau, entre autres chevaleresses et chevaliers d’InterCriPol- c’est cette loyauté envers les morts : ne jamais les oublier, et porter le deuil dans mon cas floral au quotidien ; dur i know et moche et absurde et tout ce que vous voulez mais…il le faut)— en éponge -émotionnelle, temporelle, spatiale, ou autre- dans l’ultime objectif de ne rien laisser nous atteindre et ce d’aucune façon, oui parce que c’est de cela qu’il s’agit d’une sorte de loyauté urgente envers soi-même en dépit de sa force stridente, la petite musique triste me renvoyant sans cesse à toutes mes faiblesses -autrement dit, opération blindage maximal (anciennement s’isoler de tout y compris de la lumière pour s’abriter mais là c’était ne pas s’écrouler rester debout solide souriante DANS LES CHOSES DU MONDE AVEC LES GENS, ça me donne les larmes rien que d’y penser je crois que dans un sens J’AI RÉUSSI MOTHER J’AI RÉUSSI, enfin j’espère et de toutes façons j’en suis on ne peut mieux fière), l’on finit physiquement accablé certes mais mentalement (et humainement) l’on en sort follement plus…soi (un peu dingue aussi je sais mais osef ; là on peut rire, c’est permis). Et ça, j’adore. Étrange idée qui mérite amplement d’être approfondie et étayée d’exemples précis, je sais mais je ne le ferai pas ici et maintenant, “j’ai à faire”, comme dit joliment Maria Beloso Hall dans un autre contexte, depuis la peau de sa majesté Shéhérazade. []

OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Nessrine Naccach (16 février 2025). De la Sérénité (retrouvée…« may be » !). Histoires de(s) femmes. Consulté le 17 mai 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13br8


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